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Je suis de retour – Episode 5

Cher journal,

Me voilà revenue de mon hospitalisation depuis plus d’un mois maintenant. Un peu plus d’un mois qui a été long et rapide à la fois. Difficile et doux aussi. Et je crois qu’il est temps que je revienne par ici. Reprendre crayons et pinceaux et continuer à écrire les pages de mon aventure d’illustratrice pas tout à fait comme les autres.

En partant, au mois de juin, j’espérais de tout mon cœur revenir debout, ou au moins en meilleure forme. J’étais vraiment pleine d’espoir. Et puis… tout ne s’est pas passé comme prévu. Comment te dire… ? Comment te dire que l’on avait imaginé beaucoup, beaucoup de choses. Tout. Sauf ça. Sauf ce qu’il s’est passé, sauf que mon état se dégraderait au niveau des douleurs dès les premiers jours et que nous n’arriverions jamais à faire marche arrière malgré de forts traitements. Et qui dit douleurs très fortes, dit rééducation très compliquée.

Alors on a essayé. On s’est accroché. On y a été doucement. Kiné, ergothérapie, handidanse, tennis de table, orthophoniste, psychomotricité, balnéothérapie. Et pourtant… Rien à faire. On n’a réussi à rien. Et au bout d’un mois, mon corps nous lâchait et on commençait à faire pire que mieux. Alors on a décidé ma sortie dix jours plus tard. Et le 5 août, six semaines après mon entrée au centre, je suis rentrée chez moi. Dans le même état. Si ce n’est pire.

Depuis, je reste beaucoup allongée ou assise dans mon fauteuil de lecture bien confortable, enroulée dans mon plaid. Vertiges à gogo, crises de douleurs à répétition, acouphènes à n’en plus finir et j’en passe. Voilà mon quotidien depuis plus d’un mois.

Tu pourrais te dire cher journal, à raison, que cette hospitalisation a été un échec. Pourtant, de mon côté, ce n’est pas comme ça que je l’ai prise.

Oui, j’ai été déçue. Vraiment beaucoup.

J’ai été en colère. Contre la maladie.

J’en ai eu marre et j’ai voulu qu’on me fiche la paix avec ma santé pendant plusieurs jours.

J’ai pleuré.

Oui, c’est injuste.

Mais au milieu de tout cela, il y a eu du positif et surtout, cette hospitalisation m’a apporté des choses que je n’imaginais même pas. Plus. Laisse-moi te raconter…

Pour la première fois depuis 3 ans, j’ai fait face à une équipe médicale bienveillante et à l’écoute. Jamais ils n’ont remis quoique ce soit en cause. Jamais ils ne m’ont jugée. Et jamais ils ne m’ont dit que c’était dans ma tête et que ma place était en psychiatrie. Ils ont ramé, ils ont eu beaucoup d’interrogations, ils ont marché sur des œufs. Ils ont écouté. Et pour la première fois depuis 3 ans, j’ai eu une équipe médicale ramant avec moi, à mes côtés. Et ça, tu ne peux t’imaginer, cher journal, comme ce fut précieux pour moi. J’ai été rassurée. J’ai rigolé avec eux. Chose devenue extrêmement rare entre le corps médical et moi. J’y ai cru et j’y croire encore.

J’y ai cru mais surtout, grâce à eux, j’ai cru en moi. Je me suis prouvée que j’étais capable d’aller bien au-delà de mes limites. Alors pendant ces 6 semaines, j’ai repris un peu confiance en moi. Malgré tout, ils ont relancé cette machine-là. Celle de la confiance. Celle qui permet de faire taire des peurs, d’en éjecter certaines et de ne plus laisser celles qui restent prendre le contrôle. Celle qui devient vite fragile chez moi.

Par conséquent, j’ai diminué le volume de toutes ces peurs qui, bien trop souvent, me paralysaient et j’ai pris des décisions

Cette hospitalisation n’a pas fonctionné, certes, et alors ? Ça ne doit pas m’empêcher de faire ce que je veux, ce dont je rêve, ce qui m’anime. Il y a l’illustration bien évidemment mais pas seulement. Il y a aussi la photo, la vidéo et l’écriture, entre autres. Mais ces 3 dernières passions, j’ai toujours eu peur de m’y lancer à bras le corps. Par peur de je ne sais quoi. De ne pas être à ma place. Sauf qu’à l’intérieur, ça boue, ça m’anime, alors j’ai décidé de ma lancer parce que la vie slow que j’ai choisie de vivre passe aussi par là. Alors petit à petit, je vais m’y lancer. Sans trop me poser de questions. En me laissant porter. Et mon blog va devenir mon nouveau terrain de jeu.

Voilà les nouvelles de ces derniers temps, cher journal. J’aurai préféré t’en apporter des meilleures et surtout j’aurai voulu revenir te voir plus tôt. D’ailleurs, il fallait que je t’explique rapidement pourquoi je ne suis pas revenue avant.

D’abord, il a fallu que je me repose et que je retrouve mes marques, chez moi, dans mon cocon qui se crée petit à petit. Et puis, il a fallu que je priorise. Au mois d’août, j’ai eu envie – et bien au-delà, besoin – de reprendre le travail. Doucement. Tranquillement. Pour ne rien brusquer. Pour que petit corps tienne le coup. Alors je me suis lancée dans un seul chantier pendant ce mois : la refonte de mon site internet. Et j’ai réussi ! Le tout en prenant soin de moi (et en tournant mon premier studio vlog).

Et finalement, j’avais avant tout besoin de temps. Pour accepter, pour digérer, pour relever la tête. Pour repartir. Parce que tout a été fragilisé cet été. Pour ma santé. Mais je sens, au fond de moi, que psychologiquement et dans mon cœur aussi. Je vais avoir besoin d’encore un peu de temps pour reconsolider tout ça. Mais ce n’est pas grave, je vais le prendre.

Alors maintenant que ta nouvelle maison est finie, cher journal, je reviens vers toi avec très très grand plaisir parce que tu m’as manqué. Et que j’ai besoin de parler, d’écrire.

Je te dis à très bientôt,

Avec tout mon amour,

« On en a tous une cathédrale à rebâtir, à reconstruire

On a tous en nous le bien, le mal

Qui prend feu parfois pour nous dire »

Les Frangines, Notre-Dame

Psst : Si vous voulez en lire davantage, vous pouvez retrouver les premiers épisodes du Journal (presque) intime d’une illustratrice pas tout à fait comme les autres ici.

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