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#1 Clémence – Totems Messagers

Se lancer à temps plein dans l’artisanat après une école d’ingénieure, ça vous paraît fou ? Clémence, elle, l’a fait !

Aujourd’hui, je suis ravie de vous partager la première interview du blog. Ces interviews ont pour but d’aller à la rencontre des gens qui ont suivi leurs rêves même si ça parait, parfois, complètement fou. Rêves professionnels, personnels, familiaux… peu importe. Ces personnes ont décidé d’être heureuse et de s’en donner les moyens. Avec leurs témoignages, j’aimerais vous montrer que c’est possible. Je ne dis pas que c’est simple, loin de là. Mais possible, oui.

Clémence, je l’ai rencontré début juillet pendant un wend de créateurs initié par Killian, le fondateur de Inspiration Créative et le Cercle des créateurs. Petit bout de femme pétillante et rayonnante, elle est tout aussi passionnée et passionnante. Zoom sur une ancienne ingénieure devenue sculptrice sur bois.

Portrait de Clémence, Totems messagers
Peux-tu te présenter ?

Merci Léa pour cette opportunité de partager mon parcours et mon expérience !

Je m’appelle Clémence, j’ai 34 ans, je suis diplômée ingénieure en génie mécanique de l’UTC depuis 2012, aujourd’hui je suis sculptrice sur bois à Compiègne dans l’Oise, je suis mariée et j’ai deux enfants de 4 et 6 ans.

Ça c’est la version résumée du résumé !

Quel est ton parcours ?

J’ai fait des études d’ingénierie mécanique que j’ai adorées mais sans idée de ce que je voulais faire ensuite : « va le plus loin possible dans les études, tu pourras choisir ensuite », voila ce qu’on m’a répété à chaque fois que la question était soulevée. Sauf qu’arrivée à la fin de mes études, je n’en savais pas plus sur ce que je voulais faire. Une petite voix bien cachée au fond me disait bien que reprendre une formation d’ébénisterie ça serait super chouette mais ça m’était difficile à assumer avec mon diplôme d’ingénieur en poche, malgré une famille aimante et pleine de soutien. Et puis au fond, je n’avais aucune garantie que ça me plairait… Alors j’ai cherché ma voie, ma place. J’ai fait de la conduite de travaux, j’ai bossé dans un lycée et gardé des enfants en passant le concours de professeur des écoles que j’ai eu, j’ai craqué et démissionné de l’Education Nationale au bout de 6 mois avec ma classe de CE2 (classe facile, métier merveilleux mais tellement impossible pour moi qui refuse de faire les choses à moitié), j’ai été serveuse et j’ai déballé des cartons chez Intermarché pour être dans l’action sans trop réfléchir et là je me suis rendue compte qu’il me fallait un métier épanouissant et pas juste alimentaire. J’ai été chef de projet dans un très petit bureau d’étude (on était 4 à l’apogée) et c’était super de par l’ambiance au travail et l’intérêt des projets mais on s’est fait manger par un plus gros pas très sympa.

Ensuite je me suis dit que c’était l’occasion pour essayer de me mettre à mon compte et tester cette envie d’artisanat qui trainait dans un coin de ma tête. Pendant un an j’ai travaillé mon projet (merci Pôle Emploi) et je me suis immatriculée auto-entrepreneure en janvier 2019. L’idée à cette époque était de faire de l’artisanat (sculpture sur bois) avec en parallèle des prestations en ingénierie pour faciliter les rentrées d’argent. Cette facette presta a rapidement été remplacée par un salariat à temps partiel (ingé-technico-commerciale dans un bureau d’étude en électronique). Pendant 2 ans j’ai été salariée entre 60% et 80%, ce qui m’a permis de construire sereinement mon projet artisanal à raison d’une ou deux journées par semaine + quelques soirées. Mais au bout de 2 ans cet équilibre ne me convenait plus, j’étais frustrée de ne pas consacrer plus de temps à mon art et j’ai eu le déclic : j’ai enfin ouvert complètement cette porte dans mon cœur qui laissait passer de la lumière mais que je refusais de regarder par peur d’assumer ce n-ième changement de cap et j’ai posé ma démission. Depuis janvier 2022 je suis à 100% artisane !

Quel est ton métier aujourd’hui et en quoi consiste-t-il ?

Je fais de la sculpture sur bois. Mes créations sont essentiellement des Totems Messagers, des statuettes porteuses d’histoires, et je travaille doucement à diversifier mes créations tout en restant sur la même thématique. Je suis aussi en train de développer des ateliers d’initiation à la sculpture sur bois.

En dehors de la sculpture, il y a toutes les étapes liées à l’entreprenariat créatif : trouver/dessiner les idées, photographier les créations, communiquer sur les réseaux sociaux (Instagram pour ma part), créer et tenir une boutique en ligne, réseauter auprès de boutiques-ateliers, faire la compta, répondre aux demandes clients, créer et imprimer mes cartes de visites et les cartes d’identité de mes créations, emballer les créations à expédier, me faire connaitre dans ma région, me préparer pour participer à des salons de créateurs…

Faire le point, souvent.

S’organiser, quotidiennement.

Ajuster le tir, régulièrement.

Avancer, toujours !

Quel a été le (ou les) « déclic’ (ou les choses de la vie) qui a fait que tu as osé aller vers ton/tes rêve(s) parce que ce fut un sacré saut dans le vide, non ?

Pour moi ça a été assez progressif au final. J’ai dû commencer à avoir cette envie très vague et lointaine de quelque chose de différent de ce dans quoi je m’étais embarquée vers la fin de mes études, en 2010-2011 je pense. Puis j’ai enchainé les expériences pro salariées jusqu’en 2018 où j’ai mis mon premier pied dans l’artisanat et au final je n’y suis à temps plein que depuis cette année (2022). L’ultime déclic pour passer de 20-40% à 100% a été que vraiment il fallait que j’arrête de me voiler la face, que j’en rêvais et que ce rêve ne me lâcherait pas avant d’avoir essayé pour de bon. Et puis j’avais déjà mes 2 enfants, un mari et un entourage proche qui me soutiennent, quelques économies, on avait acheté notre maison… bref, c’était le moment ou jamais ! Et puis l’idée était aussi de passer moins de temps sur la route, frustrée, à rentrer grognon, et + de temps à la maison avec ma famille, détendue. Donc, saut dans le vide oui mais avec entrainement, parachute et équipe de choc !

J’imagine que tout n’a pas été simple et que tu as rencontré quelques difficultés sur le chemin… Accepterais-tu d’en parler un peu ou de nous donner un exemple ?

Le plus dur a été d’accepter l’idée de « mettre mon diplôme à la poubelle ». Ce n’est évidemment pas le cas et mes études, ainsi que toutes mes expériences, ont fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Je n’en regrette aucune et je ne changerais mon parcours pour rien au monde parce que sans ces expériences je n’en serais pas là aujourd’hui et elles me servent toutes d’une manière ou d’une autre. Mais il y a une acceptation psychologique et sociale qu’il m’a fallu franchir pour assumer ce changement d’univers. Chez moi les profils sont plutôt orientés ingénieur, médecin, enseignant. Pas d’artiste (sauf pour les loisirs, un esprit très créatif et bricoleur dans la famille mais personne qui en a fait son métier) et un seul entrepreneur (mon beau-père). L’entreprenariat artisanal, l’entreprenariat d’art, c’est l’inconnu pour notre famille donc je défriche et je fais découvrir cela à mon entourage. Une fois qu’on a réussi à s’entourer de personnes du même milieu et qu’on a commencé à en parler à son entourage, c’est tout de suite plus simple et ça rassure tout le monde. Et puis j’avance du mieux que je peux et si ça ne fonctionne pas, j’ai assez rebondi par le passé pour avoir confiance en ma capacité à rebondir une fois de plus si besoin !

As-tu un ou plusieurs conseils à donner à quelqu’un qui n’ose pas encore dire oui à ses rêves ?

D’être honnête avec soi-même et de prendre le temps de répondre sincèrement à ces questions : qu’est-ce qui te fait rêver ? Qu’est-ce qui te fait peur ? Comment tu peux aller vers ton rêve en résolvant tes peurs ?

Ensuite ce n’est « que » de l’organisation. Une fois que le capitaine du navire connait la destination, c’est son job de trouver le chemin le plus pratique, ou le plus beau, ou le plus rapide, ou le plus sécurisé pour aller dans cette direction. Soyez le capitaine de votre navire car c’est bien mieux que de laisser la barre de votre vie à d’autres ! Et la direction/le rêve ne sont pas figés, on a le droit de changer, d’ajuster en cours de route.

J’insiste sur le fait de « prendre son temps ». Personne ne vous donnera du temps, on en a tous la même quantité dans chaque journée, la question c’est qu’est-ce que vous faites du vôtre. C’est une question de choix et de priorités personnelles. Et répondre honnêtement à ces questions est long et plus dur qu’il n’y parait. Parfois les réponses sont douloureuses car sources de gros changements mais la satisfaction d’être de plus en plus alignée et à une place dans laquelle on s’épanouit vaut mille fois les efforts fournis ♡

Et le 2ème conseil ça serait de ne pas rester seul, de s’entourer de personnes qui nous soutiennent et qui comprennent l’univers dans lequel on essaie de naviguer. Ça m’a cruellement manqué au début de l’aventure entreprenariale (2018-2019) et je ne remercierai jamais assez Killian d’avoir créé la communauté du « Cercle des créateurs ». J’ai désormais les meilleurs collègues du monde et ça change tout quand on travaille seule de justement ne pas se sentir seule !

Es-tu heureuse aujourd’hui d’avoir fait le pas et d’avoir osé ?

Cette décision m’a fait un bien fou, je me sens déjà plus sereine et alignée avec la vie à laquelle j’aspire. Toute ma famille soutient cette aventure et j’ai conscience de l’immense chance que c’est.

Petite, je me suis jurée de ne jamais avoir de regrets. Cette décision est le meilleur « non regret » que j’ai prise 🙂

Osez ! Au pire, qu’est-ce qui peut vous arriver ?

Mille mercis à Clémence d’avoir pris le temps de répondre à mes questions et d’être si inspirante ! Beau chemin à toi au milieu du bois !

Retrouvez Clémence sur son Instagram et son site internet :

Comments

  • 20/09/2022
    reply
    Inès

    Waouhhhh un vrai travail de journaliste 🙂 Bravo Léa et youpiii Clem !!! ^^

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